Usant de leurs liens professionnels et parfois familiaux, ces « monsurs » vont faire de Sauveterre (815 habitants) le chef-lieu du Bas-Ségala qui regroupe 29 601 habitants.L’élite bourgeoise et modérée, déjà en place avant la Révolution, se fait élire au Directoire de district. Celui-ci est présidé par de Balsa de Colombiès. Jean-Antoine Delpech, désigné comme procureur-syndic, en est le bras exécutif et Antoine Mazuc le secrétaire. Barnabé Barnabé, régisseur du grenier à sel, devient maire de Sauveterre. Le 14 juillet 1790, les autorités locales organisent avec enthousiasme, voire grandiloquence, des réjouissances sur la place pour la Fête de la Confédération.
En mai 1791, les affiches pour la vente des biens nationaux sont confectionnées et la confiscation des biens du clergé devient réalité. Le 30 mai 1791, est constituée une Société des Amis de la Constitution, présidée par Jean-Antoine Delpech, accueillant par cooptation les bourgeois du district touchés par les « Lumières ». Mais dès la mi-juillet elle s’ouvre massivement à des membres de condition plus modeste. Insensiblement, le mouvement populaire s’organise.
Lors des massacres de septembre 1792 à Paris, le sauveterrat Pierre Jean Garrigues, prêtre et docteur en Sorbonne, est exécuté. En décembre 1793, l’accélération du processus révolutionnaire et la redistribution des rôles se concrétisent par l’organisation des Comités de Surveillance de district et de commune. Mais c’est d’abord dans les sociétés de Sans-Culottes que se regroupent les hommes les plus « avancés ». Cette radicalisation entraîne la mainmise sur les institutions locales des gagne-petit. Dans tout le district, les persécutions anticléricales s’accentuent. Le 12 octobre 1794, Pierre Dalmayrac, curé de Castelnau, sera l’un des derniers prêtres guillotiné à Rodez.
La fin de la Terreur et la chute de Robespierre vont amener la constitution de Comités Révolutionnaires de district et de commune en octobre 1794, remplaçant les Comités de Surveillance. A l’échelon de l’Administration de district, Sauveterre reste bien représentée avec trois membres sur douze. Mais le pouvoir échappe peu à peu au Comité.
Au printemps 1795, les Comités Révolutionnaires sont supprimés, puis vient le tour de la Société Populaire. En juillet les anciens prêtres, Boyer, Mazières et Cayre, célèbrent une messe. Dans les mois qui suivent, les anciennes élites font leur retour aux « affaires ». L’apaisement de la situation politique et le retour à la norme imposée par le Directoire vont sonner le glas des ambitions du bourg et le faire rentrer dans le rang. Sauveterre redevient simple chef-lieu de canton.